Hypnonaute

Hypnonaute

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Il y a des feux qu’on ne peut éteindre. Des passions ardentes qui brûlent éternellement, que l’on ne peut qu’attiser. Le monde porte en son sein l’obsession de survivre, de renaître de ses cendres, tel un phénix.

Il y a des pensées qui consument leur penseur et des secrets noirs qui rongent le cœur des hommes. Mais de ces maux je cherche celui qui m’anime. Peut-être tous et aucun à la fois, peut-être que mon cœur qui bat à l’unisson du tien ne continue de m’offrir ces pulsations seulement pour que tu y survives. Si c’est le cas alors je fais le souhait de vivre milles fois dans la décadence et la noirceur pourvu que tu sois dans la lumière.

J’ai tant désiré que ces jours continuent, j’aurais donné mon âme pour que tu ne m’abandonnes pas. Je me serais damné pour prendre ta vie et la garder dans le creux bienveillant de mes mains. Je n’ai jamais rien souhaité d’autre que de passer une existence paisible à tes côtés. Mais cela est-il si sûr ? C’est un amour platonique qui m’habite, vivant, puissant et destructeur. Il arrache à mon âme des cris de désespoir et ô combien de « hélas » qu’emporte le vent dans un souffle qui murmure ton nom. Et ces morceaux de nous voguant vers les cieux ont rencontrés les anges, et dans mes rêves je prie pour qu’il leur soit enfin accordé ce que jamais je n’obtiendrai. Et si je sais que mes désirs sont vains, j’ai la ferveur de croire que les tiens ne le sont pas et bien qu’ils me tuent et me blessent, ils me réjouissent autant qu’ils m’attristent. L’enfant malheureuse que je suis et l’adulte heureuse que je fus sont toutes deux emplis d’une folie passionnelle qui grandit depuis un couple de décennies et qui ravive les doux souvenirs de mon enfance.

Je me souviens de ta silhouette imposante et protectrice, de ta main chaleureuse et de ces bras qui m’enlacent encore dans un pli de ma mémoire où flottent négligemment quelques échos de ta voix. Je vois toujours en fermant les yeux les recoins de ta bouche qui s’étirent en un sourire amusé, et tes yeux rieurs et aimants se plisser de bonheur. J’arrive à ressentir le souffle de ton haleine, chaude et agréable, m’envelopper dans cette bulle où je me réfugie toujours lorsque je suis en peine et à la recherche d’un peu de sécurité.

Alors je ferme ma conscience et je me plonge dans ton souvenir, vivant en moi depuis la nuit des temps et à jamais, et je fouille avidement cherchant quelques morceaux de toi et de nous égarés dans les coins les plus sombres de mon cerveau, et que même les cafards de la folie n’ont pu déloger de leur berceau doré. Comme je les chéris ces images, ces sons qui se rapportent à toi et qui me gardent en vie, comme je les aime ces douces illusions. Parfois il m’arrive d’imaginer ce qu’aurait été nos vies si nous avions toujours été côte à côte, ensemble et je laisse mon esprit naviguer vers des fantasmes enfantins où tu continues à jamais de veiller sur moi.